Influence des médicaments
Les médicaments utilisés dans l’arthrite psoriasique ont-ils une répercussion sur la grossesse et l’enfant ?
1. Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens)
Les effets des AINS sur la grossesse sont bien connus. Dans la mesure du possible, il faut éviter de les employer tout au long de celle-ci. Les AINS inhibent les prostaglandines, substances nécessaires à l’ovulation, à l’implantation de l’œuf fécondé dans la paroi de l’utérus, à la formation du placenta mais aussi à l’accouchement.
En pratique, en cas de difficulté d’obtention d’une grossesse, l’arrêt des AINS peut probablement faciliter la conception, comme décrit notamment dans la polyarthrite rhumatoïde.
L’usage des AINS est également fortement déconseillé dans le troisième trimestre de la grossesse car ils peuvent favoriser la fermeture prématurée du canal artériel, court vaisseau qui relie l’artère pulmonaire à l’aorte du fœtus et qui est indispensable à la bonne circulation du sang oxygéné que le bébé reçoit de sa maman. Ce canal se ferme normalement après la naissance. Les AINS augmentent également le risque de malformation de la face (bec-de lièvre).
Les AINS et l’aspirine doivent impérativement être arrêtés au moins dix jours avant l’accouchement, sauf contre-ordre médical, car ils peuvent induire des hémorragies chez la maman et le bébé.
Heureusement, grâce aux traitements de fond de plus en plus efficaces utilisés dans le rhumatisme psoriasique, à l’instar de ce qu’on observe dans la polyarthrite rhumatoïde, l’utilisation des AINS est moins fréquente.
Par ailleurs, le rhumatisme psoriasique a tendance à s’améliorer au cours de la grossesse, ce qui permet également de réduire la consommation d’AINS pendant cette période.
2. Les corticoïdes
La prednisolone (ou équivalent) peut être utilisée sans danger pour la grossesse et le fœtus jusqu’à la dose de 15mg/j.
Les doses plus élevées ou délivrées en perfusion peuvent légèrement augmenter le risque de malformation (fente dans le palais) chez l’enfant et d’accouchement prématuré.
La prednisone et la prednisolone doivent être privilégiées par rapport aux autres corticoïdes pendant la grossesse, car ils sont convertis en substances inactives par une protéine du placenta et n’agissent dès lors plus sur le fœtus.
Les dérivés de cortisone peuvent être utilisés pendant l’allaitement.
Les traitements de l’arthrite psoriasiques ont-ils une influence sur la reproduction ?
1. La sulfasalazine (Salazopyrine®)
La salazopyrine n’entrave ni la conception, ni la grossesse. L’allaitement est généralement permis sous cette médication même si un cas de diarrhée sanglante chez un enfant a été rapporté. Cette médication passe, en effet, dans le lait maternel. Sa concentration dans le lait maternel équivaut à 40% de la concentration dans le sang maternel.
Le traitement par salazopyrine doit être accompagné d’un supplément en acide folique plus important qu’habituellement car la salazopyrine empêche la synthèse d’acide folique par l’organisme.
Chez l’homme, la fertilité diminue sous ce traitement. Théoriquement, un arrêt de trois mois du médicament avant la conception est recommandé.
2. Le méthotrexate (Ledertrexate®) et le léflunomide (Arava®)
Ces médicaments sont tératogènes, c’est à dire responsables de malformations du fœtus et sont donc formellement défendus pendant la grossesse.
La longue rétention dans le corps de substances actives dérivées du méthotrexate nécessite son interruption trois à six mois avant le début de la grossesse. Le méthotrexate est également défendu pendant l’allaitement.
L’Arava® doit être arrêté deux ans avant d’envisager une grossesse, ce qui n’en fait pas un médicament de choix pour les personnes jeunes en âge de procréer, homme ou femme indistinctement. Cependant, en cas de nécessité, il existe une procédure, bien connue et codifiée d’élimination plus rapide du médicament de l’organisme. L’Arava® est également contre-indiqué pendant l’allaitement.
3. L'acitrétine utilisé pour le psoriasis
Il présente comme inconvénients principaux de sécher la peau et les muqueuses ; il peut perturber le foie et les graisses du sang. Il est surtout très dangereux chez les femmes en âge de procréer, car il peut induire des malformations chez le bébé. Les femmes qui en ont pris ne doivent pas concevoir d'enfant dans les deux ans après l'arrêt du médicament.
4. Les anti-TNFα
On ne peut recommander une grossesse sous anti-TNF à l’heure actuelle car l’expérience de cette situation est trop limitée. Bien qu’aucun effet tératogène n’ait été constaté chez l’animal, il n’y a pas assez de données chez l’homme actuellement.
Toutefois, les grossesses qui ont eu lieu sous anti-TNFα n’ont globalement pas été grevées de problème majeur. On sait, par ailleurs, que les anticorps anti-TNF α ne traversent pas le placenta pendant le premier mois de grossesse. L’utilisation d’anti-TNFα pour garder le rhumatisme inflammatoire sous contrôle dans la période précédent la conception, lorsque les traitements de fond tératogènes ont été arrêtés, et pendant le premier trimestre de la grossesse paraît donc légitime si elle est nécessaire.
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